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verts que des ruisseaux traversaient d’une ligne tortueuse, quand soudain le ciel s’assombrit, le soleil disparaissant tout à coup. Et le train file, file si vite, que les bois, les champs, les prairies passent comme dans un rêve. Malgré tous les efforts de Petit Pierre qui tient sa tête hors de la portière, il ne peut plus rien distinguer des jolis paysages qui l’ont tant charmé tout à l’heure, même les maisons fleuries qui bordaient la voie ferrée. Et le train file, que c’en est vertigineux.

« Papa ! fit le petit, ça va bien vite ! je ne vois plus rien ! je crois bien aussi que j’ai mal au cœur ! » fait l’enfant, les yeux pleins de larmes.

Alors petit Pierre promène son regard dans le train, pour voir s’il n’y verrait pas une figure connue ; mais tous les voyageurs sommeillent, la tête penchée soit à droite soit à gauche, et semblent secoués par les secousses du train qui file de plus en plus rapide.