Page:Bastien - Le rêve de Petit Pierre, paru dans L'oiseau bleu, jan à juil 1923.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jamais pu retenir l’emballement d’une jeunesse ambitieuse et têtue.

— Reste ! Ne pars plus, puisque te voilà revenu, fit la mère, sur un ton de prière.

— Je suis pauvre, avoua Antoine en rougissant.

Vous nous voyez bien vêtus, c’est vrai, mais c’est presque obligatoire dans les villes, où le luxe remplace notre besoin de liberté. Les terres d’ici sont riches et belles ; elles ne doivent pas se donner.

Le fermier regarda son frère puis sa mère avec l’intention de dire quelque chose, mais il se pencha, secoua la cendre de sa pipe, et dit simplement en se relevant : Viens donc voir les bâtiments, Toine !

C’est à ce moment que Pierre et Freddy revenaient de leur petite excursion et qu’ils allèrent se mettre au lit sur les instances de la fermière.

Dans la demi-obscurité de la cuisine, la vieille maman a pris son gros chapelet de buis. Tout en murmurant les Ave, son cœur de chrétienne supplie le Ciel de lui garder le fils tant pleuré.


IX. — RÊVE DE PETIT PIERRE


À peine Freddy eut-il éprouvé la fraîcheur de l’oreiller et des draps qu’il s’en-