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de tenir ton cheval par le cou, bien serré pour ne pas tomber. Tiens, c’est assez drôle ! Et Freddy, les yeux au loin, les lèvres rieuses, pense avec un air d’extase aux plaisirs du carrousel.

Petit Pierre en avait assez. Il proposa : veux-tu on va rentrer ? Il commence à faire noir. Mais non, répondit Freddy, regarde donc, c’est tout plein d’étoiles. Tu es donc chanceux d’avoir si grand pour jouer, répéta le petit citadin.

Ah oui, Pierre savait bien qui des deux était le plus chanceux. Qu’est-ce que lui faisaient les étoiles, l’air pur et la grande cour ! Est-ce qu’il ne voyait pas cela depuis toujours ? Qu’est-ce qu’il avait, lui, en fin de compte, pour jouer ? Son cabarouet, comme disait Freddy, et le gros chien Pitou qui sentait la laine échaudée ! En ce moment il aurait bien donné tout cela pour les patins à roulettes ou la belle voiture rouge, ou, seulement pour le tour à cheval sur les beaux lions dorés. Et le petiot, le cœur plein d’envie, ne trouva plus rien à dire. Quand il rentra dans la cuisine avec son cousin Freddy, la fermière leur demanda : « Où étiez-vous donc, mes petits, il est déjà tard et le beau Freddy doit s’endormir. »

— Oh ! non ! ma tante, on est si bien par ici !