Page:Bastien - Le rêve de Petit Pierre, paru dans L'oiseau bleu, jan à juil 1923.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.

II « L’ÉRABLIÈRE »


Cachée derrière une rangée d’érables, un peu loin de la route, la grande maison grise à lucarnes se dresse, proprette et gaie, malgré son air vieillot. À sa gauche, la laiterie fraîchement blanchie à la chaux, à demi cachée sous les sapins verts, jette une clarté sur la paisible demeure. Près de la porte d’un rouge clair, le gros chien noir Pitou sommeille paresseusement, sa grosse tête frisée allongée entre ses pattes, et, tout auprès, assis dans l’herbe courte, petit Pierre joue au couteau entre ses jambes écartées. Ses cheveux blonds cendrés ondulent sur sa nuque brune, et deux grands yeux clairs, regardent tour à tour la « batterie » dont la grande porte est ouverte, le chien qui dort, la sucrerie qui se dessine au loin derrière le grand jardin. Et respirant avec délices, en ouvrant les lèvres, le petiot secoue ses boucles soyeuses, et reprend son jeu, faisant pirouetter le couteau lancé en l’air, de