Page:Bastien - Le rêve de Petit Pierre, paru dans L'oiseau bleu, jan à juil 1923.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.

V. PRÉPARATIFS À LA FERME


À la ferme, on n’avait pas perdu de temps. Bernard s’était fait valoir. Bernard, le neveu de la fermière, était resté orphelin de père et de mère, dès l’âge de dix ans, et il avait été recueilli par les Leblanc, qui le considéraient comme l’enfant de la maison et le traitaient comme tel. Aussi le jeune avait-il une grande affection pour toute la famille, et s’intéressait-il beaucoup à la grande prospérité de la ferme.

Après qu’il eût perdu de vue le fermier et son fils, il songea à mettre un peu d’ordre dans les dépendances. Il promena la tondeuse sur le gazon de la grande cour, et il arrosa copieusement les murs de la maison grise, rafraîchissant les contre-vents, le feuillage vert des plantes grimpantes et les poutres de la galerie ; puis il remplit, de l’eau claire et froide du puits, les deux seaux rouges en forme de baril, où s’abreuvait la famille. Songeant que l’heure avançait, il monta au grenier où il avait sa chambre près d’une lucarne, et, joyeux du bonheur des siens, il se fit, tout en chantant, une toilette soignée, afin de faire honneur à l’hôte si attendu.