cidé à faire ses outils, il a eu un but, assurément fort légitime, celui d’améliorer sa condition. On ne peut lui mettre dans la bouche ce raisonnement : « Je vais accumuler des approvisionnements, m’imposer des privations, afin de pouvoir travailler tout un mois sans rien gagner, Ce mois, je le consacrerai à fabriquer des outils qui me mettront à même de débiter beaucoup plus d’ouvrage au profit de mon client ; ensuite je lui demanderai de régler mon salaire pour les onze mois suivants, de manière à gagner juste autant, tout compris, que si j’étais resté manœuvre. » Non, cela ne peut être ainsi. Il est évident que ce qui a stimulé, dans cet artisan, la sagacité, l’habileté, la prévoyance, la privation, c’est l’espoir, le très-juste espoir d’obtenir pour son travail une meilleure récompense.
Ainsi nous arrivons à ce que la rétribution du charpentier se décompose comme il suit :
1° | 3 fr. | » c., | salaire du travail brut. |
2° | » | 25 | usure des outils. |
3° | » | 25 | compensation du temps consacré à faire des outils. |
4° | » | 25 | juste rémunération de l’habileté, de la prévoyance, de la privation |
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3 fr. | 75 c. |
Où peut-on voir là injustice, iniquité, spoliation ? Que signifient toutes ces clameurs si absurdement élevées contre notre charpentier devenu capitaliste ?
Et remarquez bien que l’excédant de salaire qu’il reçoit n’est obtenu aux dépens de personne ; moi, qui le paye, j’ai moins que personne à m’en plaindre. Grâce aux outils, une production supplémentaire a été pour ainsi dire tirée du néant. Cet excédant d’utilité se partage entre le capitaliste et moi, qui, comme consommateur, représente ici la communauté, l’humanité tout entière.
Autre exemple, — car il me semble que ces analyses directes des faits instruisent plus que la controverse.
Le laboureur a un champ rendu presque improductif par la surabondance d’humidité. En homme primitif, il prend tous les matins un vase et va épuiser l’eau qui noie