pour la menuiserie, la charpente, la maçonnerie ; une charrue est produit pour le charron qui la vend, et capital pour l’agriculteur qui l’achète. Toutes les professions ont besoin de produits pour produire, ou, ce qui revient au même, de capitaux pour confectionner des capitaux. »
Cela vous semblerait-il donc inintelligible ? Il n’y a pas d’antinomie, cependant.
Au point de vue des intérêts privés, le capital indique un rapport d’échange, précédé d’une évaluation synallagmatique. C’est le produit apprécié, pour ainsi dire, juridiquement, par deux arbitres responsables, qui sont le vendeur et l’acheteur, et déclaré, à la suite de cette appréciation, instrument ou matière de reproduction. — Au point de vue social, capital et produit ne se distinguent plus. Les produits s’échangent contre des produits, ou bien Les capitaux s’échangent contre les capitaux, sont deux propositions parfaitement synonymes. Quoi de plus simple, de plus clair, de plus positif, de plus scientifique, enfin, que tout cela ?
J’appelle donc capital, Toute valeur faite, en terre, instruments de travail, marchandises, subsistances ou monnaies, et servant ou susceptible de servir à la production.
La langue usuelle confirme cette définition. Le capital est dit libre, quand le produit, quel qu’il soit, ayant été seulement évalué entre les parties, peut être considéré comme réalisé, ou immédiatement réalisable, c’est-à-dire, converti en tel autre produit qu’on voudra : dans ce cas, la forme que le capital affecte le plus volontiers, est celle de monnaie. Le capital est dit engagé, au contraire, quand la valeur qui le constitue est entrée définitivement dans la production : dans ce cas, il prend toutes les formes possibles.
La pratique est aussi d’accord avec moi. Dans toute entreprise qui se fonde, l’entrepreneur, qui, au lieu d’argent, engage dans son industrie des instruments ou des matières premières, commence par en faire l’estimation vis--