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AILES OUVERTES

tement ajusté, lunettes… me voilà parée, et j’escalade mon appareil. Contact. Je serre quelques mains. Il est exactement cinq heures deux minutes lorsqu’après avoir roulé quatre ou cinq cents mètres, mon avion décolle.

Mon but : Kazan… distant de 3 200 kilomètres.

Mon itinéraire : Liége, Cologne, Kœnigsberg, Moscou, Nijni-Novgorod…

Le temps était excellent. Quand je m’envolai, la brume légère du matin commençait à se déchirer. J’emportai du Bourget cette inoubliable vision qu’en ont tous les pilotes à leur départ d’aurore. La lumière naissante ourlait la ligne des hangars… Les arbres qui bordaient la route prenaient déjà une forme pleine. Le cœur en fête, je saluai la jeune matinée qui s’apprêtait à se faire mon alliée…

C’est dans mon autre appareil, le Caudron 232, que Bart m’accompagna jusqu’à Liége. Là, avant de faire demi-tour, il me fit signe avec son mouchoir. Par trois fois je répondis en inclinant la tête… Et puis, je restai seule…