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MES « TRENTE-HUIT HEURES »

dois tenir, cela m’apparaît avec une indiscutable évidence.

Des avions viennent évoluer autour de moi. Ils ne voient pas le mur, eux, et par instant, je tremble qu’ils n’aillent se jeter contre l’invisible obstacle. C’est si net que je regarde le sol pour y découvrir les débris des appareils que je crois s’être écrasés.

Un, deux, trois, quatre… Je veux compter jusqu’à cent. Huit, douze, dix-sept… Je ne sais plus. Je bronche… Chaque nombre est un trébuchet.

L’état de mes yeux s’est aggravé. Ils sont en feu. J’ai des bourdonnements d’oreilles… Mon corps tout entier est endolori, le vent me fouette intolérablement le visage… Je me sens abrutie.

Pour tenir un peu plus longtemps, je prends une grande décision :

— Je vais faire un tour complet et j’atterrirai…

À cette promesse de l’esprit, comme un cheval qui sent l’écurie, le corps retrouve ses moyens…