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AILES OUVERTES

Il fallait à tout prix échapper à cet incoercible besoin de sommeil qui allait me mener à la catastrophe. Dans mon cerveau en feu, ma pensée tournoyait comme un oiseau affolé : j’essayai de la fixer, de lui donner un objet en pâture pour échapper à cette sorte d’anesthésie de la conscience qui devenait plus dangereuse de minute en minute.

J’évoquais les malheurs qui ont marqué ma vie : ma sensibilité annihilée, se refusait à la moindre réactions. Alors, je pensais aux succès fabuleux, aux prouesses magnifiques que je pourrais réaliser avec mon avion, à la gloire, à la fortune… En vain. À cette heure, tout sombrait dans l’indifférence. Mes appareils de bord semblaient s’éloigner… mes paupières pesantes comme du plomb, continuaient à se fermer, invinciblement.

Allons ! du cran !… Je n’allais pas flancher si près du but, que diable !… Je serre les dents et je prends le vaporisateur que, par précaution, j’avais emporté. Je m’envoie dans les prunelles un jet d’eau de Cologne… Je vous