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AILES OUVERTES

À nouveau, je regardai ma montre et je m’aperçus avec épouvante que toutes ces passionnantes distractions m’avaient juste fait passer un quart d’heure !…

Le soleil commence à taper dur, et j’ai l’impression de rôtir tout doucettement. Alors, je monte… De quatre cents mètres, j’atteins quinze cents… À cette altitude, je commence à respirer et je poursuis ma ronde, inlassable et monotone…

Cette obligation de tourner sans autre but que celui d’avoir à tuer le temps autour d’un aérodrome est la pire chose… Les minutes sont interminables.

Il y a aussi le manque d’alimentation qui vous affaiblit. Personnellement, bien que je pusse emporter des vivres, il m’était impossible d’avaler une bouchée. L’échappement des gaz que je respirais continuellement me causait une sorte d’intoxication qui m’empêchait de manger quoi que ce soit.

La seconde nuit fut effroyable. Je l’abordais au bout de trente heures : encore aujourd’hui, lorsque je l’évoque, j’en ai des frissons rétros-