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MES « TRENTE-HUIT HEURES »

monter de façon aussi somptueuse et aussi prenante… Cela commença par une bande grisaille, vers l’Orient… La grisaille s’éclaircit, s’argenta, se teinta de rose, de mauve et d’or… Et bientôt, autour de moi, le ciel s’embrasa. Le jeune soleil apparut, ardent et triomphal… et je l’applaudis, comme il se doit à une aussi brillante vedette.

Après ce « final », je regardai ma montre et je m’aperçus que le spectacle avait duré en tout une heure.

… En bas, la terre s’éveille… et la vie recommence. Moi, je continue.

Mon appareil, déjà plus léger, vole mieux. Jusqu’à onze heures, ça va… Pour occuper mon attention, je m’intéressais à tout ce qui se passait autour de moi : deux automobiles se livraient sur la route à une lutte de vitesse ; un avion, — que je jugeai très sévèrement, — faisait du rase-motte au-dessus d’une agglomération ; un cultivateur, l’échine courbée, s’absorbait si fort dans son dur travail qu’il ne leva même pas la tête au bruit de mon passage et j’en fus secrètement dépitée…