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ESPOIRS… ÉCLAIRCIES…

juste comme essence… Néanmoins, je décidai de m’attaquer au record.

Le 20 juin, à 5 heures du matin, je pris le départ de l’Aérodrome du Bourget. Dès le premier soir, je m’aperçus, d’après ma consommation d’essence de la journée, que je n’aurais pas assez de carburant pour battre le record. Pourtant, je décidai de tenir, jusqu’au bout… La nuit était là avec la somme d’endurance et d’énergie nerveuse qu’elle nécessite : je ne flancherais pas, bien que je fusse avertie d’avance que l’effort serait vain, quant au résultat.

Le mot de Cyrano me hantait :

« C’est bien plus beau lorsque c’est inutile !… »

Pourtant, ce n’était pas inutile : l’effort n’est jamais inutile ; ne serait-ce que parce qu’il nous donne la mesure de notre endurance et de notre volonté. Mais j’avoue qu’il est assez dur de se battre quand on sait d’avance que le défaut de munitions vous empêchera finalement d’avoir la victoire, moralement gagnée à coups d’énergie.