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AILES OUVERTES

Enfin, en 1927, quelqu’un me donna ma chance. Un industriel voulut monter à Orly une école de pilotage. Il possédait des avions et il me proposa de reprendre mon entraînement chez lui pour faire de la publicité à son affaire.

Folle de joie, je repris mes vols… Avec quelle ivresse je retrouvai, sous le ventre fuselé de ma machine, tous ses plans largement étendus, ces chemins aériens, élastiques et doux, que plus de deux années de contrainte rampante au sol n’avaient pu me faire désapprendre !… Avec quelle joie profonde et sensible je maniais le manche à balai… je touchais les manettes… je suivais les vivantes oscillations de l’aiguille sur mes instruments…

En bas, c’est la terre, géométrique et mouchetée de jaune, de vert, de brun, avec ses carrés, ses triangles, ses losanges, ses clochers pareils à des jouets d’enfant… le ruban étroit et brillant du fleuve… les voies de fer aux scintillements rapides… les autos qui se traînent comme des cloportes…