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ESPOIRS… ÉCLAIRCIES…

gent soudain dans cette brume bleue d’une journée de soleil hivernale, comme deux cathédrales englouties, ces deux voûtes en plein cintre et jumelées qui laissent croire à la profondeur souterraine d’un édifice, rondes, blondes dans la lumière bleue qu’elles ne blessent d’aucun angle ; qui fondent dans la brume et vont s’y dissoudre et qui sont deux hangars de dirigeables. Alentour, dispersés, les hangars de l’aviation militaire, maritime et civile, autour desquels on a répandu à profusion des kilomètres et gaspillé comme à plaisir les étendues d’une terre grasse et herbeuse. »

Depuis, Orly est devenu un peu mon domaine… Mais alors, j’y arrivais timidement. C’est là que je rêvais, au long des jours tout fiévreux d’impatiente et lourde oisiveté en regardant d’un œil d’envie les biplans et les monoplans s’évader vers l’espace, mesurant du sol où j’étais clouée par la nécessité, ces invisibles portiques qui, un jour prochain — je l’espérais bien en dépit de tout, — m’ouvriraient les pistes libres de l’azur…