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AILES QUI S’OUVRENT…

et le cœur lourd de ces premières déceptions, regarder les autres voler… Trois années qui devaient apporter à nouveau le drame dans ma vie et le deuil sur moi : en 1926, mon mari se tuait dans un accident d’avion.

…Un accident d’avion !… Terrible petite phrase, mots minuscules et tragiques, dans leur quotidienne simplicité, auxquels on ne pense jamais lorsqu’on a adopté une fois pour toutes ce métier terrible et divin qui consiste à se battre avec les éléments insoumis.

Souvent, au temps où je ne volais pas encore, et même après, j’avais tremblé pour mon pilote lorsqu’un retard me semblait suspect… ou anormal. Et puis… sa confiance, — cette sœur miséricordieuse des aviateurs, — avait fini par me gagner. N’y avait-il pas pour m’envelopper de certitude, la voix sereine, le regard victorieux, le beau sourire téméraire et insouciant :

« — Depuis douze ans que je pilote… tu penses !… »

Oui… mais… un jour… voilà !…

…Un moment, j’ai cru voir devant moi se