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AILES OUVERTES

au moins de ceux qui me voulaient du bien :

— Et tu sais, tu es arrivée en rase-flotte… la façon dont l’avion s’est présenté… épatant !

De fait tous les journaux relatèrent « mon exploit » et j’eus, pendant quelques jours, les honneurs de l’actualité.

Joie précaire !… Réussite sans aucune conséquence matérielle. Une semaine après, tout le monde l’avait oubliée… même moi qui ne rêvais que d’accomplir une nouvelle prouesse dans laquelle je mettais toutes mes forces d’espoir…

Mais l’occasion ne m’en fut pas donnée de si tôt… J’avais cru, naïve que j’étais, qu’après ces brillants débuts — au moins, chacun s’accordait à les trouver tels, — on ne pourrait décemment me refuser le prêt d’un appareil… Je fus bientôt obligée de me rendre à l’évidence et de sourire de mon ingénuité, pour ne pas pleurer : dans la carrière hasardeuse que j’avais choisie, je n’avais à compter que sur moi-même…

Trois années passèrent durant lesquelles je dus, piétinant de ma passagère impuissance