Page:Bastié - Ailes ouvertes, 1937.pdf/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.
35
AILES QUI S’OUVRENT…

tation. Je crus qu’il n’était pas content de mon atterrissage, parce que je m’étais posée un peu sur les roues et, pour éviter une mercuriale, — et lui donner le temps de se calmer, — je remis les gaz et repartis à toute vitesse… Tête de mon professeur qui suivait d’un œil ahuri cet écolière indisciplinée qui désormais pouvait échapper à sa férule !… Je fis encore un tour et je me posai comme une fleur…

Désormais, je pouvais « voler de mes propres ailes »… Je n’avais jamais mieux mesuré toute l’ivresse qui tenait dans cette phrase, si banale pour d’autres. Je ne peux exprimer toute la joie profonde et grisante qu’a contenu cette inoubliable minute où, pour la première fois, je me trouvai seule à bord… et où je tenais les commandes !… Allégresse d’avoir triomphé et de voir aboutir ses efforts, orgueil aussi de se prouver à soi-même et aux autres qu’on n’avait pas eu tort de vouloir

Nous étions le 8 septembre 1925 ; j’avais commencé en fin juillet. C’était donc un peu plus d’un mois qu’il m’avait fallu pour préparer ce premier vol.