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AILES OUVERTES

manières une politesse calme, une courtoisie dont il semblait ne devoir jamais se départir. Il s’exprimait lentement, posément. Bref, j’étais persuadée qu’il devait être un moniteur d’une douceur angélique.

Bientôt, je déchantais !… Je m’aperçus vite qu’il y avait en lui deux personnalités : celle qui ne disait rien à terre et celle qui, là-haut, se transformait en ouragan.

Moi, tout le monde sait ça, je ne suis guère patiente… et nous eûmes de ces collisions de caractères, de ces accrochages bien tassés qui sont restés dans ma mémoire.

Il me souvient qu’une fois j’avais réduit le moteur bien avant le terrain et il me suivait d’un œil inquiet. Il m’avait fait deux ou trois réflexions sarcastiques qui m’avaient mise en boule, et, rageusement, je fonçais.

— Où allez-vous ?… Où comptez-vous atterrir ?…

Naturellement, nous rentrions droit dans les arbres !…

Et moi, calme et candide :

— Où ?… Mais… sur les pins.