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AILES OUVERTES

machine à coudre pour apprendre la machine à écrire…

Nous achetâmes un fond de chaussures à Cognac… La poésie n’y trouvait pas son compte… nos aspirations non plus. Ce n’est pas drôle de vendre des chaussures… pour un aviateur !… Mais je crois que mon mari avait médité les vers de Verlaine :

La vie humble aux travaux ennuyeux et faciles
Est une œuvre de choix qui veut beaucoup d’amour…

… Pourtant, il gardait la nostalgie de son royaume perdu… et il me faisait partager ses regrets.

Ce fut l’époque trépidante de la moto. Pour échapper à l’existence trop « quotidienne » — et aux chaussures ! — nous filions en motocyclette sur les routes, à de folles allures. Je montais — déjà ! — en tensad, et les bonnes gens qui me voyaient passer, levaient vers moi des bras scandalisés.

Je n’en avais cure… Je ne me suis jamais occupée de l’effet produit… de ce que peuvent