pèrent l’âme et le caractère et virent à jamais s’évanouir l’enfant que j’étais restée jusque-là.
À notre tour, nous payâmes notre tribut au tragique fléau qui s’était abattu sur le monde. Mon frère fut tué à la guerre. Il avait vingt ans… Je le revois, avec ses yeux dorés, sa haute taille de beau garçon bien bâti… Doux comme une fille, il fut là-bas, je suis sûre, brave comme un lion…
Détail qui me touche lorsque j’y songe : il avait voulu entrer dans l’aviation. Il n’eut pas le temps de réaliser son rêve : il ne passa qu’un mois au front. Il fut porté disparu, à la cote 304, à Verdun…
… Et enfin, un matin rayonnant, toutes les cloches des églises de Limoges sonnèrent l’armistice !…
Celles de la cathédrale ; celles de Saint-Étienne, de Saint-Joseph, de Saint-Michel, jusqu’à celle de la petite chapelle Saint-Aurélien, les voix de tous les clochers s’unirent pour annoncer la grande nouvelle… De la place Jourdan qu’illustre l’effigie du vainqueur de Fleurus, jusqu’à celle de l’Hôtel-de-