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L’APPEL DE L’ESPACE…

L’année d’après, j’emportais le prix d’excellence… et la considération de la classe. Je suis têtue quand je m’y mets.

… J’avais bien gagné une récompense qu’on m’octroya généreusement. Ma marraine exploitait une ferme à Nieules. C’est là que je passai de radieuses vacances, illuminées par l’ivresse de ma jeune liberté.

Je menai, pendant des semaines, une vie saine et hardie de campagnarde. Je courais dans l’ombre verte des châtaigneraies… je grimpais aux arbres… je liais connaissance avec les animaux d’alentour… ou je m’allongeais sur le pré pour suivre d’un œil pensif, tout brillant de convoitise, les raids des nuages dans le ciel.

…Tout a une fin, même les vacances !… J’avais maintenant l’âge de l’apprentissage. On me plaça dans une fabrique de chaussures où je devais étonner tout le monde par mes fantaisies. La vagabonde impénitente que je suis restée s’accommodait mal de demeurer des journées entières derrière une table. Je tenais difficilement en place… Il me semblait