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AILES OUVERTES

père avait emporté toutes les économies de la maison. Avec lui, le bien-être nous quittait définitivement.

Il fallut prendre un appartement plus petit.

On émigra, dans le faubourg, pour se rapprocher de grand’mère. Notre nouveau logement se composait seulement de trois pièces : une chambre pour ma mère et pour moi, une autre pour mon frère, une salle à manger.

Fût-ce cette transformation de notre genre de vie ? Fût-ce l’absence de celui dont je ressentais douloureusement la disparition ?… Toujours est-il qu’à partir de cet instant je changeai du tout au tout. On eût dit que la mort de mon père m’avait exaspérée.

Notre logis donnait de plain-pied dans la rue… et la rue devint mon domaine. Tresses au vent, belliqueuse et déchaînée, je courais tous les jours en compagnie des galopins du quartier avec qui je traitais sur un pied d’égalité.

Je leur avais bien vite appris à respecter la « quille » que j’étais… malgré sa frêle taille et ses poignets menus. Ce n’est pas à moi