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AILES OUVERTES

qui feuilletaient des livres d’images et cousaient des robes de baptême pour leurs enfants de chiffons ou de porcelaine…

… Par exemple, j’adorais les bêtes. J’avais vers elles des élans farouches comme si elles eussent été seules capables de me comprendre. Mon compagnon le meilleur était Blanc-Blanc, un chat rusé et malin comme un singe.

Cette période calme de ma vie dura jusque vers mes dix ans. À ce moment, le malheur entra dans la maison.

Il arriva un jour, sombre compagnon, par la même porte qui s’ouvrait tous les jours devant l’entrée joyeuse de mon père. Nous ne sûmes pas tout de suite qu’il était là — c’est un hôte invisible et patient qui ne décèle pas immédiatement sa présence. — Mais déjà, il s’était emparé de l’atmosphère.

Ce furent de petits détails qui changèrent les habitudes : on servait à mon père, au lieu du menu habituel, de la viande crue que Blanc-Blanc lui chipait parfois en secouant les boulettes de ses petites pattes agiles… et