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AILES OUVERTES

— Eh ! que diable veux-tu aller faire à Biskra ? demandait mon père.

Je m’émerveillais :

— Ce doit être beau !…

Car Biskra représentait pour moi à cette époque, le bout du monde… et aussi le pays merveilleux où mon imagination pouvait se donner libre cours.

Ma mère nous chantait une vieille chanson où il était question — autant qu’il m’en souvienne — de « Celui qui s’en va à Biskra pour l’amour d’une femme ».

Sur la mélancolique trame de ce chant, j’ai essayé mes premières ailes — ces ailes invisibles qui nous transportent magiquement vers d’inaccessibles horizons. En écoutant ma mère, je me berçais de visions enchanteresses, éventées de palmiers, colorées par le feu des soleils d’Orient sur les sables, traversées par des files de chameliers…

J’ai vu Biskra depuis… et ses palmeraies… et ses Arabes aux yeux de velours… et ses chameaux doux et nostalgiques… mais alors, j’avais déjà parcouru tant et tant d’autres