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AILES OUVERTES

ques… Ils se déchaussent, relèvent le bas de leur pantalon et enfoncent stoïquement jusqu’aux mollets dans ce limon gluant. Un d’entre eux s’offre à me porter, pour parcourir les trois cents mètres qui nous séparent du sol ferme, car, pour la voiture, il faudra des bœufs si l’on veut arriver à la désembourber.

Quant à mon camarade, il a une peine inouïe à me ramener sur la terre ferme :

— Enfin, Maryse, soupire-t-il, essoufflé, vous ne me ferez jamais croire que vous ne pesez que quarante-neuf kilos !…

… Encore une journée d’attente, et, le quatrième jour, je réussis à décoller dans un terrain toujours mou et détrempé, et je m’envole vers Pelotas.

Ce fut l’étape la plus rude de mon voyage. Tous m’avaient dit :

— S’il fait mauvais temps, faites demi-tour, vous ne passerez pas…

Mais mon avion est rapide et j’ai une telle confiance en lui et en mes instruments de bord impeccables, que je m’aventure dans le mauvais temps, perpétuel en ces parages.