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AILES OUVERTES

Papa hochait la tête, inclinant pour les mettre à ma portée, sa haute taille et son jeune sourire. Sa voix amusée disait :

— Voyons !… Il n’y a que les garçons qui peuvent être marins. Ce n’est pas un métier de fille.

Et je n’étais pas un garçon !… Peut-être à cette époque et seulement pour cette raison l’ai-je regretté. Je ne savais pas alors qu’une femme peut réaliser des rêves d’homme, quand elle veut s’en donner la peine…

Mais c’est dans cette phrase d’enfant que je retrouve le premier élan de mon être, cette aspiration irrésistible qui, depuis, m’a portée vers la carrière aventureuse que j’ai choisie.

… L’aviation… À vrai dire, je n’y songeais pas encore. C’était une de ces choses qui demeurent dans le domaine féerique de la fantaisie ou de la légende. Mais je suppose que ce désir d’être marin exprimait la nostalgie des espaces qui était en moi, ce besoin d’évasion, ce goût d’infinis que le regard ne mesure pas.