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AILES OUVERTES

émus… C’est certainement moi la plus tranquille.

Je monte dans l’avion. On met en route ; tout va bien à bord. Je fais signe d’enlever les cales.

Je verrai toujours, à côté du plan, Lendroit, ses yeux larges ouverts fixés sur moi avec cet effort des paupières qu’on fait pour retenir ses larmes… La seule parole gentille que j’ai prononcée ce matin-là, c’est à lui que je l’ai dite :

— Au revoir, mon vieux… À bientôt !

Aidé de Chabert, il me pousse un peu aux extrémités des plans pour faire démarrer ma machine qui est très lourde avec ses neuf cents litres d’essence.

Pendant une centaine de mètres, je suis obligée de me défendre pour tenir mon avion en ligne droite : il voudrait se mettre dans le vent. Heureusement, je connais bien la piste et l’avion prend rapidement de la vitesse… Je m’étais fixé pour décoller un maximum de huit cents mètres… Je maintiens l’appareil au sol malgré lui, et, en six cents mètres, il s’en-