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AILES OUVERTES

phrases-là font sur des nerfs déjà tendus à l’extrême !

De plus, il faut penser que j’arrivais là-bas en plein drame : il y avait vingt-trois jours que la houle funèbre de l’Atlantique s’était refermée sur la Croix-du-Sud et sur ses occupants. Les épouses des disparus étaient là, désespérées, accrochées peut-être à un vague espoir mais craintives pour moi, de tout leur cœur endolori par les angoisses qui les déchiraient… et elles me conjuraient de ne pas partir…

Enfin le mardi 29, l’avion transatlantique arrive. Comet en descend… Je me précipite :

— Puis-je partir ?

— Si vous êtes prête, il faut partir, répond-il sans hésiter.

Enfin !…

Alors, un grand calme descend en moi. Après toutes ces heures anxieuses, fébriles, où je m’étais sentie tantôt proche, tantôt éloignée du but, où je me voyais à la merci d’événements imprévus qui eussent pu m’empêcher