Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
1629. mai.

dedans : mais le lendemain matin dimanche 27me de may il fut tué d’une mousquetade par la teste, reconnoissant un retranchement que les ennemis avoint fait a la montaigne. Ce fut une tres grande perte ; car c’estoit un brave et suffisant homme quy alloit le grand chemin pour estre mareschal de France au plus tost.

Nous continuames nostre logement, et la nuit sur les deux heures du lundy 28me au matin, comme nous avions percé le fossé, nous avisames a la muraille un trou par lequel les ennemis entroint dans leur fossé, et on ne tiroit plus de la ville. Je fus long temps a marchander avant que de le vouloir faire reconnestre : en fin y ayant hasardé un sergent avesques une rondache, il entra dans la ville et n’y trouva personne, les ennemis l’ayans abandonnée pour se retirer au fort de Toullon[1] sur la montaigne ; sur quoy nous entrames dans la ville que nous trouvasmes desja occupée par ceux du regiment de Pfalsbourg, quy ayans esté advertis par une pauvre femme que les ennemis avoint abandonné Privas, y estoint entrés allors ; et peu apres tous les regimens et de tous les quartiers y envoyerent pour piller, et la pluspart se desbanderent de telle sorte que, sy je n’eusse fait prendre les armes aux Suisses pour investir Toullon, les ennemis se fussent peu retirer sans empeschement.

J'investis Toullon avec 1200 Suisses pendant que l'on pilloit Privas et que peu apres on y mit le feu. Sur les deux heures apres midy ceux de Toullon me firent demander de se rendre. Je l’envoyay dire au roy quy

  1. Le mont Toulon est au sud-ouest de la ville.