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appendice.

bien que j’aye envoyé ce Scanevelle ou quelque autre personne au colonel d’Erlach, ou que je luy aye fait porter aucune parole d’affaire ou de compliment, je me declare coupable et criminel, et ne demande aucune grace, comme je suplie aussi en toute humilité S. M et S. Em. de me faire justice de l’auteur d’une sy lache et sy infame imposture, et de ce Scanevelle s’il a employé mon nom en quoy que ce soit. Je desire sy ardemment le progres et l’advencement des affaires du roy que (bien loin d’en retarder l’effet pour mon interest particulier) je voudrois y employer de bon cœur ma propre vie sy elle y ettoit utile, et S. M ne tarderoit gaire a estre pleinement satisfaite du colonel d’Erlach sy j’avois autant de pouvoir sur son esprit comme le mien seroit porté a l’y disposer. Je luy escris pour le desabuser, en cas que quelqu’un luy ait voulu faucement parler de ma part, et comme je ne puis ny ne dois aucun commerce avec un estranger, quy ne passe par vos mains, j’y depose ma lettre affin que vous en usiés selon que vous le jugerés pour le mieux, comme je vous en suplie tres humblement, Monsieur, et de me vouloir conserver la part en vos bonnes graces que j’y ay autrefois possedée comme vostre, etc. — 1639. 22me d’aust. »


2e lettre à M. des Noyers.

« Monsieur, la lettre que je vous escrivis avant hier vous desclara sinserement ce que je sçavois sur le sujet de Scanevelle : je vous diray par celle cy ce que j’en viens d’aprendre, quy est que le dit Scanevelle vint trouver il y a quelques jours le sieur de l’Espinay tresorier des menus, quy prend quelque soin de mes chetives affaires, (lequel depuis deux mois je n’ay peu voir a cause d’une paralisie quy le tient au lit) et luy dit qu’il avoit esté nourry mon page, (ce quy est vray, mais son pere vivant allors il avoit un autre nom) et qu’il s’en alloit en l’armée du feu duc de Weimark ou il avoit quelque charge, auquel lieu, s’il m’y pouvoit rendre quelque bon servisse suyvant les faux bruits quy couroint icy de ma liberté, qu’il le feroit