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appendice.

de Mr le cardinal, non seulement parce qu’il est important qu’elle soit possedée par une personne seure et affidée, mais aussy pour la satisfaction personnelle des Suisses, quy croyront lors estre puissemment assistés et protegés de l’autorité de Mr le cardinal. J’adjoute que cette consideration faciliteroit extremement une puissante levée de Suisses sy Sa Majesté en avoit un jour besoin. Ce n’est point flaterie ny adulation quy me le fait dire, mais l’ardente passion que j’ay au bien du service du roy, laquelle ne desperira jamais qu’avesques ma vie, quelque rude traitement que j’en puisse recevoir. Faites moy la faveur, Monsieur, d’appuyer ma requeste des raysons que vous croyrés y devoir estre adjoustées, et puisque la bonté et la facilité des personnes quy sont dans l’employ leur attire l’importunité des malheureux, souffrés, s’il vous plait, celle que vous fera parfois ma niece de Beuvron sur le sujet de ma liberté, que je souhaite particulierement pour vous pouvoir tesmoygner le recentiment des soins que vous avés de moy quy suis, Monsieur, etc. »

Cette lettre paraît devoir s’adresser au comte de Chavigny, qui s’intéressait vivement aux affaires du maréchal de Bassompierre, et qui était en même temps l’ami du cardinal de Richelieu.


II



« Monseigneur, Vostre Eminence sçait mieux que personne se que je suis, se que je vaus, et a quoy je suis propre ; son jugement est sy clair qu’il ne faut ny se deffendre, ny s’excuser, ny contrarier a rien de ce qu’il aura decidé : aussi n’ay je maintenant recours a sa bonté que pour la suplier tres humblement de ce ressouvenir des services que j’ay rendus a cet ettat, de ma longue detention et de mon immuable fidelité, m’asseurant que (sy Elle y fait reflexion) sa generosité ne permettra pas que j’acheve de viellir et mourir inutile en une sayson ou le plus chetif soldat de se royaume peut au moins servir de nombre. Les années de ma captivité (quy peuvent avoir changé mon visage) n’ont point changé l’extreme passion que j’ay toujours