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1639. novembre.

et sa teste mise sur le pont Saint Ange a Romme, banny pour avoir retiré par force un homme condamné aux galeres. Cette mort mit mal le pape et le roy, de sorte que le mareschal d’Estrées n’eut plus d’audience du pape, et que l’on la refusa en France a son nonce : on deffendit mesmes aux evesques de le visiter ny d’avoir aucune intelligence ny commerce avec luy.

Il s’estoit fait l’esté precedent quelque desordre en la ville de Rouan contre les fermiers du roy, en suitte de quoy il s’en commit aussy a Caen et en la basse Normandie ou quelques croquants s’esleverent, ce quy fut cause qu’apres que les armées d’une part et d’autre se furent retirées de la campagne, le roy envoya le colonel Gascion avesques mille chevaux et quattre mille hommes de pié en Normandie pour chastier ces mutins, lequel s’achemina premierement a Caen et y logea, puis en suitte ayant eu advis que les croquants estoint vers Avranches et Villedieu[1], il les y fut tailler en pieces avec perte du baron de Courtaumer, quy fut tué a l’attaque du faubourg d’Avranches.

Le fils de Mr le comte d’Alais[2] mourut ce mesme mois, quy fut perte pour cette maison. Mais comme l’enfant estoit petit, la perte ne fut pas egale a celle que receut la maison de Guyse par la mort de Mr le <ref follow=p331>des mains des sbires son valet Giulio Bianconi, condamné aux galères pour avoir tenu un brelan.

  1. Villedieu, chef-lieu de canton de l’arrondissement d’Avranches, département de la Manche.
  2. Armand de Valois, comte d’Auvergne, second fils de Louis de Valois, comte d’Alais, et d’Henriette de Guiche, né le 14 juillet 1635, mourut le 16 novembre 1639.