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1639. aout.

Je fis ce que je peus pour empescher la corde a ce miserable roygneur[1] de Ducros ; mais en fin il fut pendu le jeudy 11me de ce mois ; et me resta ce regret que c’estoit le seul domestique de tant d’autres que j’avois eus, quy aye jamais esté, non repris de justice, mais seulement accusé ou soubçonné.

Ce mesme mois se fit en Flandres le combat de Saint Nicolas et celuy de Saint Venant[2]. Le premier estoit une tres belle entreprise qu’avoit faite le grand mestre de l’artiglerie quy luy eut reussy a grand avantage sans les divers canaux quy sont en ces païs là, quy diviserent son armée, en sorte que, du costé qu’il donna, il renversa ce qu’il rencontra et prit quelque petite piece de canon, mais de l’autre le regiment de la marine et quelques autres n’en sortirent pas sy bien. Celuy de Saint Venant fut moindre ; mais il ne laissa pas d’enlever un quartier de cavalerie, et de prendre quantité de chevaux.

Le roy, continuant son voyage, arriva le 13me a Sainte Menehou, d’ou il escrivit une lettre au gouverneur de la Bastille pour me communiquer, assés estrange, dont je diray le sujet pour faire connestre combien les malheureux sont miserables, mesmes aux choses ou leur malheur devroit finir. Lors que le duc Bernard de Weimarch se fut rendu maitre de Brisac, le roy fit ce qu’il peut affin que cette place, qu’une

  1. Il y avait aux précédentes éditions : voyageur.
  2. L’affaire de Saint-Nicolas eut lieu le 5 août, et celle de Saint-Venant le 24. — Saint-Nicolas est voisin de Sainte-Marie-Kerque, dans le canton d’Audruick, arrondissement de Saint-Omer. — Saint-Venant est dans le canton de Lillers, arrondissement de Béthune.