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journal de ma vie.

Mr de Feuquieres fut plus tardif a assembler son armée : il fut neammoins, le 27me de ce mesme mois, camper devant Thionville avec une armée assés considerable, et aussy tost commença a s’y retrancher et faire ses forts. Il y eut de l’avantage en ce que l’on ne se douttoit point qu’il voulut assieger une sy forte place, de sorte qu’il y avoit peu d’hommes dedans, et mesmes le comte de Voilts[1] quy en est gouverneur, n’y estoit pas quand elle fut investie.

On tint le 24me un autre grand conseil a Saint Germain, ou les mesmes quy avoint esté auparavant, y furent appellés : Mr de la Vallette y fut jugé et condamné d’avoir la teste tranchée.

Le lendemain 25me le roy partit pour aller a Abbeville, et des qu’il y fut arrivé, s’en alla le lendemain au siege de Hedin, puis s’en revint a Abbeville.

Monsieur frere du roy fit ce mois là, pour sa maitresse Louison[2], un grand escarre[3] en sa maison, de laquelle il chassa L’Espinay, puis Brion[4] ; et moy je fis une perte que je regretteray toute ma vie, de ma pauvre niece de Beuvron, quy en l’espace de huit heures fut tuée d’un violent mal de mere, le dimanche 29me de may a midy : Dieu luy donne paix.

Juin. — Le commencement de ce mois fut tres

  1. Sans doute un comte de Weltz.
  2. Louison Roger, fille d'un magistrat de Tours, eut un fils que Mademoiselle prit plus tard sous sa protection, et qu’elle fit appeler le chevalier de Charny. Louison entra par la suite à la Visitation, où elle fut connue sous le nom de la mère Louise.
  3. Ouverture faite avec violence, avec fracas (Littré).
  4. On peut voir dans Tallemant des Réaux (Historiette de M. d'Orléans) les détails de cette révolution de palais.