Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
270
journal de ma vie.

Bac : ce quy leur reussit ainsy qu’ils l’avoint projetté ; car le comte Jean de Nassau ayant envoyé ces Cravates donner jusques dans le logement de l’armée du mareschal de la Force, sa cavalerie[1] les repoussa vertement jusques dans ces quinse cens chevaux armés qu’il[2] tenoit en battaille pour les soustenir, a la veue inopinée de laquelle nostre cavalerie prit l’espouvante, et en mesme temps estant chargée par celle des ennemis, elle[3] les mena battant[4] jusques a l’infanterie que le mareschal menoit, laquelle fit parfaitement bien, et les ayant arrestés sur cul, nostre canon en suitte leur fit tourner teste, et nostre cavalerie s’estant ralliée les poursuivit a leur tour jusques dans leur campement. Or en mesme temps que le comte Jean parut, le mareschal de la Force en envoya donner avis a celuy de Chastillon quy fit en mesme temps sortir toute sa cavallerie de la circonvallation pour aller au secours dudit mareschal de la Force, et luy mesme oyant les canonnades quy se tiroint, jugeant qu’ils estoint aux mains, mit son infanterie en battaille vers le lieu de la retraitte du mareschal de la Force, pour le recevoir en cas de malheur ; pendant lequel temps le prince Tomas vint attaquer les trois redouttes de la digue qu’il força aysement parce qu’elles ne peurent estre secourues du costé du camp, les trouppes estant diverties ailleurs, ny du costé du fort du Bac quy fut en mesme temps attaqué par Picolomini ; de sorte qu’estans prises et separerent le fort

  1. La cavalerie du maréchal de la Force.
  2. Il, le comte Jean de Nassau.
  3. La cavalerie des ennemis.
  4. Il y avait aux précédentes éditions : tambour battant.