estoit ; et y estant arrivé, il me dit que la reine mere avoit esté arrestée le matin mesme a Compiegne, d’ou le roy estoit party pour venir coucher a Senlis ; que madame la princesse de Conty avoit eu commandement par une lettre du roy que Mr de la Ville aux Clercs luy avoit portée, de s’en aller a Eu[1] ; que le roy avoit fait madame de la Flotte dame d’attour de la reine, et mademoyselle de Hautefort fille de la reine sa femme[2], et que toutes deux estoint venues a Senlis avec elle ; que le premier medecin de la reine[3] Mr Vautier avoit esté ammené prisonnier a la suite du roy, et finalement qu’il sçavoit de bonne part qu’il avoit esté mis sur le tapis de nous arrester, luy, le mareschal de Crequy, et moy ; qu'il n’y avoit encor esté rien conclu contre eux, mais qu'il avoit esté arresté que l’on me feroit prisonnier le mardy a l’arrivée du roy a Paris, dont il m’avoit voulu avertir affin que je songeasse a moy. Je luy demanday ce qu'il me conseilloit de faire, et ce que luy mesme vouloit faire. Il me dit que s'il n’avoit que cinquante ans,
- ↑ Le duc de Guise, frère de la princesse de Conti, était comte d’Eu du chef de sa mère Catherine de Clèves.
- ↑ Catherine le Voyer de Lignerolles, épouse de René du Bellay, baron de la Flotte-Hauterive, était l’aïeule maternelle de Mlle de Hautefort. Elle fut nommée dame d’atour de la reine à la place de Mme du Fargis, mise en disgrâce ; et Mlle de Hautefort, qui était venue à la cour en 1628 comme fille d'honneur de la reine-mère, lui fut enlevée pour entrer au même titre dans la maison de la reine.
- ↑ De la reine-mère. — François Vautier, premier médecin de la reine-mère depuis 1626, et auparavant un de ses médecins ordinaires, était, au dire du cardinal de Richelieu, « le principal et le plus dangereux instrument de toute la faction. »