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1622. juin.

Il me le promit ; et le lendemain mercredy 8me nous marchames en battaille vers Albias[1], puis vinsmes devant Negrepelisse que nous croyions estre obeissante au roy : mais a nostre arrivée ils tirerent sur les carabins du mareschal de camp quy alloit faire le logement. J’estois a l’avant garde, et sur cette nouvelle le roy me manda de l’investir ; ce que je fis a l’heure mesme, et vins loger le regiment de Picardie quy estoit le premier, a la main gauche proche de l’eau, ou ils nous tirerent fort ; puis le regiment de Navarre estant avancé, je le logeay sur le millieu a[2] la droitte de Picardie. Mr le mareschal de Pralain s’y trouva, comme aussy peu apres Mr de Chevreuse. Comme nous estions tous trois a la teste de nos enfans perdus, dix ou douse soldats des ennemis nous firent sinne de nous avancer, comme s’ils eussent esté des nostres, et nous quy le creumes, nous estans approchés, ils nous firent leur descharge de vingt pas et puis s’en fuirent. Dieu voulut qu’ils ne blesserent personne, quy fut un miracle ; mais peu apres escarmouchans ils tuerent Esguilly[3], parent de Mr le mareschal de

  1. « Le 8 (le roi) part de Villemade apres desjuner, aïant faict mettre et marcher son armée en bataille passant pres de Montauban, disné a unze heures a Albias, dans un champ labouré, au grand soleil : monte a cheval, arrive a las Gardies pres de Negrepellisse, village, et va voir les attaques qui se faisoient a Negrepellisse qui avoit refusé ses portes. » (Journal d’Hérouard.) — Albias ou Albiac, bourg du canton de Négrepelisse, arrondissement de Montauban, sur la rive gauche de l’Aveyron : Négrepelisse, un peu au-dessus d’Albias, est sur la même rive.
  2. Il y avait aux précédentes éditions : de.
  3. Claude-Alexandre de Choiseul, seigneur d’Esguilly, second fils de François de Choiseul, seigneur de Chevigny, et de Françoise d’Esguilly.