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journal de ma vie.

Les ennemis au rapport d’eux mesmes perdirent en cet escarmoμche pres de deux cens hommes dans leurs vaisseaux, plusieurs desquels demeurerent fort froissés des canonnades de terre : nous n’en perdismes que vingt et sept des nostres. Nous gaignames aussy deux chalouppes des ennemis, et une qu’une canonnade enfonça, et un de leurs meilleurs capitaines de mer y fut aussy tué. De nos vingt sept hommes morts il y en eut quattre de tués a Coreilles d’un coup de canon quy fut tiré de la ville[1], quy vint mourir jusques là, ce que l’on tenoit a merveille ; car jammais canonnade de la ville n’avoit tiré sy loin. Ceux de la ville firent aussy bien le devoir de tirer sur nous, mais avesques fort petit fruit, sy ce ne fut ce coup quy tua Des Friches et trois autres, sçavoir Brelise Pienne, Du Lac commissaire de l'artiglerie, et le frere bastard de Mr de Vignoles.

L’apres disner il y eut encores allarme des Anglois quy firent semblant d’appareiller ; mais ils ne vindrent pas.

Je despeschay par ordre du roy un de mes gens, nommé Casemajor, aux reines, ausquelles il escrivit sur ce quy s’estoit passé le matin[2].

La nuit fut paysible de part et d’autre : mais le mercredy 4me d’octobre les ennemis appareillerent encores a la pointe du jour et en la mesme forme que le jour precedent, hormis que les roberges amiralle et

  1. De la tour de Saint-Nicolas.
  2. Ce récit fut aussitôt publié sous ce titre : Relation du grand combat naval faict devant la Rochelle, le troisiesme octobre 1628, envoyée par le Roy a la Reyne mere de Sa Majesté. (Paris, chez Anthoine Vitray. M. DC. XXVIII.)