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journal de ma vie.

Le samedy, dernier jour de septembre, le roy fut voir sur la rive la contenance des Anglois quy ne bougeoint de leur poste, attendant la marée. Il fut de là conduit par moy a la batterie de Chef de Bois ou il trouva trente canons en bon estat de faire du bruit. Il jugea a propos de faire tenir encor deux batteries toutes prestes pour y mettre les canons entre Chef de Bois et le port Neuf, ou il alla en suitte, puis fut jusques au bout de ma digue qu’il trouva en sy bon ordre, et tant de machines, vaisseaux enfoncés et autres empeschemens dans le canal, qu’il jugea impossible aux Anglois de pouvoir faire aucun effet.

Apres disner il parut vers le pertuis d’Antioche seise grands vaisseaux et quinse encor quy se vindrent joindre a la flotte ce jour là, de sorte qu’il y avoit pres de six vingts voiles en tout. Ceux de la flotte se mirent a la voile sur les deux heures et vindrent passer entre Chef de Bois et Saint Blansay[1]. Ils virent toute cette rive fortifiée et garnie de gens de guerre, ou ils tirerent sans aucun effet plusieurs coups de canon. Aussy furent ils bien salués de plus de deux cens canonnades en passant proche de Chef de Bois, ce quy les fit tenir le plus proche de Ré qu'ils peurent. Ils s’allerent ancrer dans le pertuis d’Antioche avec ces seise grands vaisseaux, au mesme endroit qu’avoit fait la flotte quy vint au mois de may.

Je fus toute la nuit a cheval pour donner ordre partout. Mrs le Comte, de Nemours, de Harcourt[2], de

  1. Il faut lire : Sablanceaux.
  2. Odet de Harcourt, comte de Croisy, cinquième fils de Pierre de Harcourt, marquis de Beuvron, et de Gillonne de Matignon, était mestre de camp d’un régiment d'infanterie qui prit part. au