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1628. mai.

Je fus toute la nuit a visiter nos gardes.

Le lundy 15me le roy m’envoya querir par Nogeant[1]. Je fus au conseil, de là disner cheux monsieur le cardinal. A mon retour je fus en allarme des Anglois quy appareillerent, ce quy m’obligea de faire venir sur nostre rive les Suisses et le regiment de Vaubecourt. Monsieur le cardinal passa de mon costé, lequel je rammenay au sien parce que la tempeste empescha les Anglois de pouvoir rien entreprendre.

Le mardy 16me la tempeste continua.

Les Anglois envoyerent un bruslot a nostre armée de mer, lequel des chalouppes firent tourner au dessous de nostre batterie de Chef de Bois. Cela me mit en quelque allarme, et envoyay mettre en battaille les trouppes sur le bord du canal : puis je passay a Coreilles trouver monsieur le cardinal quy m’envoya querir. A mon retour je trouvay les mousquetaires du roy qu’il m’envoya pour les mettre sur nos vaisseaux : puis peu apres Sa Majesté s’en vint loger cheux moy. Je la fus recevoir a la redoutte de Sainte Anne, luy donnay a souper et luy fis apprester un bon lit : puis je m’en allay [passer la nuit][2] a la visite de nos vaisseaux et de nostre rade. Je ne trouvay en mon retour aucun lieu pour me reposer que dedans mon carrosse.

Le mercredy 17me le roy disna cheux moy. Il alla puis apres a Chef de Bois considerer l’armée angloise, et de là a la chasse.

Les ennemis nous envoyerent la nuit des artifices a

  1. Voir p. 356, note 2.
  2. Inédit.