Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/378

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
374
journal de ma vie.

Le vendredy 12me de may le roy quy estoit a Surgeres arriva de bonne heure au bruit de la venue des Anglois[1], lesquels demeurerent a l’ancre. Je fus trouver monsieur le cardinal dans le canal, quy visitoit les estaquades. La tourmente commença l’apres disner, quy fut bien violente. Je fus la nuit visiter mes forts, et ma batterie de Chef de Bois.

Le samedy 13me je fus faire rembarquer nos gens que la tempeste et les vaisseaux eschoués avoint tirés de l’estaquade.

Monsieur le cardinal m’envoya monsieur de Bordeaux qui disna avesques moy.

Tous ces jours que les ennemis furent en mer devant nous, je fus fort alerte, visitant continuellement mes lignes, mes forts, la digue, les batteries, et les estaquades.

Le dimanche 14me je fus occupé a me pourvoir de tout ce quy estoit necessaire pour le combat, parce que les vaisseaux du roy estoint resolus, sy l’armée angloise les venoit attaquer, de s’agrapper chascun au sien et puis se venir eschouer sur ma rive, et lors j’eusse fait mon devoir a sauter dans les vaisseaux ennemis et de les crever a coups de canon.

Je fis tirer la nuit pour donner avis aux chalouppes quy estoint en garde entre la ville et la digue, d’une chaloupe ennemie quy s’estoit insensiblement glissée parmy nostre armée de mer et estoit passée : mais elle entra dans la ville malgré eux.

  1. Il y a ici contradiction avec ce qui précède : en effet le roi était venu la veille à Coreilles pour voir l'armée navale des ennemis (p. 372). Il faut probablement lire : Aytré, au lieu de : Surgères.