Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
368
journal de ma vie.

ayant repoussés avec ma garde a cheval ils sortirent deux cens hommes de pié de la ville. J’en fis sortir autant, et manday a Mr de la Melleraye qu’il fit avancer cinquante mousquets sur le haut a nostre main gauche. Mais les ennemis sortirent encor deux cens hommes sur luy, et luy ayant tué a ses piés celuy quy menoit ces cinquante soldats quy avoint tiré toute leur poudre, ils[1] se retirerent bien viste et laisserent leur mestre de camp : sur quoy je poussay avec quinse chevaux de mes gardes, l’espée a la main, droit a luy, pendant que Mr du Hallier par le faubourg, et Villemontée cornette des chevaux legers de Monsieur avec vingt maitres, par le champ de Mars, firent pareille charge, et retirasmes Mr de la Melleraye quy sans cela alloit estre pris. Je fis venir deux cens hommes du fort Sainte Marie, la compagnie de cavalerie de Marconet quy y estoit en garde, et autres deux cens hommes du fort de Lafons, avesques quoy nous fusmes jusques a la nuit aux mains avec les Rochelois favorisés de leurs courtines et contrescarpe, quy en fin nous separa avec perte d’un costé et d’autre de trente hommes au moins.

Le mercredy 12me, jour de ma nativité, comme aussy les suyvans, jeudy et vendredy, furent employés a nos occupations ordinaires.

Le samedy 15me je fus voir Mr de Montbason arrivé a Netré que je rammenay par Saint Regratien[2] voir Mr le comte d’Alais malade[3], coucher en mon quartier.

  1. Ils, les cinquante soldats.
  2. Saint-Rogatien, village situé à peu de distance de Périgny.
  3. Louis de Valois, second fils de Charles, bâtard de Valois, comte d’Auvergne, duc d’Angoulême, et de Charlotte de Montmo-