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1628. mars.

hommes de pié et trois cens chevaux. Je fis le soir battre au champ a la sourdine, et marchay droit a Ronsay ou estoit mon rendés vous. Monsieur le cardinal y arriva peu apres avec pareil nombre de gens de guerre. Nous fismes nostre ordre, prets a soustenir le petard, et donner : mais Marillac et les porteurs de petard avec cinq cens hommes quy devoint donner devant nous, ne se trouverent de toute la nuit quy se passa sans allarme dans la ville, ou on ne sceut rien de nostre entreprise que le lendemain au soir. Je m’en revins malade d’une apostume a la gorge, quy se perça le mesme soir, que l’on croyoit estre une peste.

Nous revinmes de cette belle entreprise quy fut sy mal executée le dimanche 12me auquel j’eus une tres forte fievre. Monsieur le cardinal m’envoya Mr Sitoy son medecin quy demeura aupres de moy.

Elle me continua encores le lundy 13me auquel a cinq heures du matin Marillac fit une entreprise pour reparer celle du pont des Salines[1], au fort de Tadon[2], quy luy reussit aussy mal, et ceux quy la tenterent se retirerent en desordre sur un mot que dit Marillac, quy fut : « Tournés », au lieu de dire : « A droitte », pour se retirer, de sorte qu’il y eut une grande confusion et plus de quarante que tués que blessés.

Le mardy 14me ma fievre continua. La Melleraye me vint dire adieu.

  1. L’entreprise du pétard avait dû être dirigée principalement contre la fausse porte des Salines, ou nouvelle porte de Maubec.
  2. Le fort de Tadon, construit et occupé par les Rochelois, était en dehors des murs de la ville, du côté de la pointe de Coreilles. C’est sans doute ce fort que l’auteur, à la page 349, appelle la bastille.