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journal de ma vie.

l’ancre a Saint Martin de Ré, commandées par Mr de Guyse et sous luy don Fadrique de Toledo[1].

Ce jour mesme la redoutte de Saint Maurice fut achevée.

Le samedy 22me je vins trouver monsieur le cardinal sur la digue de Coreilles, quy attendoit Mr de Guyse et don Fadrique quy y arriverent. Il me vint ce jour la une belle galiotte que Vassal m’avoit fait faire et esquiper dans laquelle, apres avoir salué les deux amiraux, je m’en revins en mon quartier.

Le dimanche 23me je vins prendre Chomberg en passant, et allasmes ensemble disner cheux le garde des sceaux quy nous avoit conviés affin de tenir conseil l'apres disner sur les affaires des Grisons.

La nuit precedente les Rochelois estoint sortis en basse mer contre l’estaquade de vaisseaux murés, ou ils avoint tasché de mettre le feu : ils y tuerent un brave capitaine de Piemont quy estoit biarnois nommé Baurs[2].

Le lundy 24me le roy m’envoya commander de faire mettre une compagnie de chevaux legers en garde pendant la basse mer, durant la haute marée, ce que je fis le mesme soir, et y allay moy-mesme.

  1. Frédéric de Tolède, marquis de Villanueva, second fils de Pierre de Tolède, duc de Ferrandina, et d’Elvire de Mendoza, sa première femme. — Le secours naval, promis par l'Espagne, arrivait après la délivrance de l’île de Ré ; il était en mauvais état, et il repartit promptement, sans avoir donné aucune aide aux assiégeants.
  2. Jean de Baure. — « Le capitaine qui commandoit les assiegeans en cette occasion, fit tres vaillamment la pique à la main, et demeura sur la place avec presque tous ses soldats. » (Journal de Mervault.)