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1627. décembre.

et on luy dit que je ne voulois prendre que le quart de la garenne : sur cela il se mit en colere et declama hautement contre moy.

Je m’en allay le trouver le lendemain vendredy 3me et en passant entre le Coulombier rouge et le lieu ou depuis je fis faire le fort du Saint Esprit[1], comme je parfois a don Augustin Fiesque et a Cominges quy estoint un peu plus avancés que moy, une canonnade de la ville donna par la teste du cheval de don Augustin et le tua.

Je fis mes plaintes au roy quy me satisfit, et je le rendis satisfait en tel point qu’il me dit que ceux quy luy avoint parlé contre moy estoint des ignorans ; car le fort que je faisois estoit plus grand que le Fort Louis, et sy je l’eusse fait a leur mode, je fis voir au roy que j’eusse fait une grande ville.

En retournant a Laleu assés tard, la compagnie de la Roque Massebaut quy demeuroit tout le jour en garde au Coulombier rouge pour la seureté du passage, s’estant retirée, trouva en arrivant au quartier que je n'y estois point encores revenu, et craignant que les ennemis ne troublassent mon retour, revindrent au galop pour nous faire escorte ; et moy quy creus que c’estoint les ennemis, allay a la charge a eux, de sorte qu’avant que se reconnestre, il y eut quelques coups de pistollets tirés.

Le samedy 4me j’eus le soir une allarme quy me fut donnée par un sinnal du Fort Louis. J’y accourus ; mais je ne trouvay rien.

Le dimanche 5me je fus malade et ne sortis point de

  1. En face de la porte Neuve, à l'ouest de la ville.