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1627. novembre.

quy les firent desloger bien viste, et donnerent deux volées dans l’un desdits vaisseaux ennemis.

Sur le soir Marillac se rembarqua et passa sans rencontre, comme m’asseurerent mes galiottes quy trois heures apres furent de retour.

Le lundy 8me le roy vint de bon matin au Plom, impatient de sçavoir des nouvelles. Je luy dis comme j’en avois eu de l’arrivée de Marillac en l’isle, et lui fis voir en mesme temps plus de trente barques eschouées a Saint Blanceau, quy nous fit juger que Chomberg estoit passé la nuit precedente. Il me dit aussy la mort du mareschal de Temines[1], et quand et quand, que j’avois bonne part au gouvernement de Bretaigne quy vaquoit par son deces. Je luy dis que je luy rendois tres humbles graces de l’estime qu’il faisoit de moy en m’en jugeant digne, mais que pour moy je ne desirois point de ces grands gouvernemens quy obligent a residence, parce qu’ils contrarient a mon humeur et me desvoyent du cours de ma fortune ; que je ne laissois pas pourtant de luy en estre extremement obligé.

Nous fismes aussy tost embarquer les mousquetaires a cheval du roy, et quelques autres soldats et vivres pour passer en Ré. Mais ils arriverent trop tard ; car ce mesme jour les Anglois deslogerent de Saint Martin, [et Mr de Chomberg les suyvit avesques toutes les trouppes passées et 700 hommes quy sortirent du fort Saint Martin][2]. Les ennemis se retirerent en tres bon ordre

  1. Le maréchal de Thémines était mort à Auray le 1er novembre. Il commandait en Bretagne à la place du duc de Vendôme, retenu en prison.
  2. Inédit.