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journal de ma vie.

s’en vint de là voir le port Neuf et le Fort Louis ou je fis tirer quantité de canonnades a son arrivée.

Le samedy 6me je m’en vins au Plom ou Monsieur arriva tost apres. Nous vismes faire une grande salve de mousqueterie et de canonnades au fort de Saint Martin de Ré, quy fut continuée plus de deux heures. Nous sceumes quelque temps apres que c’avoit esté l’assaut general que les Anglois avoint donné au fort lequel avoit esté vaillamment repoussé.

Le soir Marillac arriva avec quelque vingt gentilshommes quy venoint de trouver le roy de la part du mareschal de Chomberg quy estoit encor a la Charante, mais quy n’attendoit qu’une heure de bon temps pour aller en Ré. Ils me prierent de les faire passer en Ré dans quelques chalouppes quy me restoint encores, ce que je fis apres leur avoir donné a soupper.

Le dimanche 7me je m’en vins a Chef de Bois pour voir ce quy aviendroit en l’isle, et fus bien estonné quand je vis revenir Marillac a moy, quy au lieu d’aborder l’isle, avoit relasché au port Neuf, et me dit qu’ils avoint veu deux roberges, et d’autres visions, dont je me moquay et leur en fis honte.

Nous vismes peu apres les Anglois attaquer vers Saint Blanceau[1] une barque des nostres qu’ils prindrent. Ces mesmes vaisseaux ennemis vindrent dans le canal de la Rochelle tirer des coups de canon a deux galiottes que j’avois fait apprester pour passer Marillac au port Neuf. Je fis venir deux canons sur la rive,

  1. Sablanceaux, à la pointe de l’ile de Ré, vis-à-vis Chef-de-Baye.