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1627. octobre.

Ce matin mesme je m’en allay a Chef de Bois secourir trois barques des nostres, eschouées, poursuyvies par les Anglois. Le baron de Noyllan[1] estoit sur une, et des soldats du Plessis Pralain, embarqués pour descendre en Ré, sur les autres. Je fis mener les personnes et porter les munitions a Laleu : puis sur le soir je fis tirer en un chenal lesdites barques que les roberges[2] angloises canonnoint.

Le mercredy 27me j’eus ordre d’envoyer au secours de l’isle de Ré (dont le roy avoit a mon prejudice donné la commission a Chomberg), 300 hommes du regiment de Vaubecourt, 200 de celuy de Ribeyrac, et la compagnie de chevaux legers commandée par La Borde.

Le soir le roy m’escrivit, et Mr de Chomberg aussy, pour m’avertir que ceux de la Rochelle devoint venir enlever un de nos quartiers, et que je fisse tenir toute mon armée alerte pour y provoir. Je me moquay de cet avis quy estoit contre toute rayson et apparence, et ayant posé mes gardes comme je jugeay a propos, je m’en allay coucher entre deux draps, ce que je n’avois encores fait depuis que j’estois venu en mon quartier. Ces messieurs quy estoint pres du roy prindrent l’allarme sy chaude qu’ils firent tenir Sa Majesté et monsieur son frere toute la nuit a cheval.

Le jeudy 28me je fis partir les trouppes susdites

  1. N. de Touges, seigneur de Noaillan ; ou peut-être Charles de Baudéan, seigneur de Neuillan, fils puîné de Jean de Baudéan, seigneur de Parabère, et de Louise Gillier, lequel fut gouverneur de Niort.
  2. Ramberges, vaisseaux longs employés autrefois par les Anglais.