Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/320

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
316
journal de ma vie.

Sur cela nous arrivasmes au Plom d’ou nous vismes la flotte angloise a l’ancre devant Saint Martin de Ré, quy pouvoit estre de cent cinquante vaisseaux.

Le jeudy 14me il fut avisé que Monsieur quy estoit general de l’armée, nous diroit que l’intention du roy estoit que Mr d’Angoulesme servit conjointement avec nous, ce que je refusay absolument.

Je m”en allay l’apres disner voir vers Coreilles, ou je trouvay le roy quy m'appella et me dit : « Je considere ce que vous me dittes hier ; mais je trouve ce fort bien grand. » Je luy dis qu’il le seroit bien davantage quand les fausses brayes[1] que l’on avoit dessein d’y faire, y seroint adjoustées, et qu’il y faudroit encor outre cela faire quelques ouvrages quy donnassent jusques sur le bord de la mer dont il estoit eslongné, et qu’en fin un des forts de la circonvallation de la Rochelle seroit plus grand que la Rochelle mesme. Je luy montray de plus comme il estoit commandé de tous costés, et qu’en tout autre lieu qu'en celuy ou il estoit, il l’eut esté moins. Je luy fis voir en suitte comme l'on y travailloit la terre et les gasons, et luy fis avouer que tout cela ne valoit rien. Mais je ne luy parlay ce jour là d’aucune chose.

Il envoya Mr de Mendes trouver monsieur le cardinal et le prier qu’il trouvat moyen de me contenter, et que je luy ferois faute sy je me retirois, comme Mr du Hallier l’avoit asseuré que je ferois le lendemain vendredy 15me, comme je ne manquay pas, et le vins trouver du matin, et luy dis :

  1. Chemin couvert tracé autour de l'escarpe, avec banquette et parapet.